Jean Antoine de BAÏF (1532-1589)
 
Tu as les yeux… (1552)
Paris, veuve Maurice de La Porte, 1552, p. 15 [←Gallica].

Tu as les yeulx de Iunon, O Meline,
Tes blondz cheueux sont d’Aurore les crins:
Ta langue sage, en ses clos iuoyrins,
Meut de Peithon la parolle benine:

De Cytherée est ta blanche poytrine,
Ou sont bossez deux montetz albastrins,
De Pallas sont tes doctes doigtz marbrins:
Tes piedz d’argent de Thetis la marine.

Rien n’est en toy qui ne vienne des cieulx:
Chaque deesse en toy mit tout le mieulx
Qui fust en elle, & d’honneur & de grace:

Bienheureux est qui te voit: plus grand heur
L’homme a, qui t’oit : demydieu ton baizeur,
Dieu parfait est qui nù à nù t’embrasse.

























Tu as les yeux… (1573)
Œuvres en rime, Les Amours de Méline,
Paris, Lucas Breyer, 1573, Premier livre, f° 7r° [←Gallica].

Tu as les yeux de Iunon, ma Meline,
Tes blonds cheueux sont d’Aurore les crins:
Ta langue sage, en ses clos iuoyrins,
Meut de Peithon la parolle benine:

De Cytheree est ta blanche poitrine,
Ou sont bossez deux montets albastrins:
De Pallas sont tes doctes doits marbrins:
Tes pieds d’argent de Thetis la marine.

Rien n’est en toy qui ne vienne des cieux:
Chaque deesse en toy mit tout le mieux
Qui fust en elle, & d’honneur & de grace:

L’heur est bien grand de te voir : plus grand heur
Est de t’ouir : demy-dieu ton baizeur:
Celuy est dieu qui nu-à-nù t’embrasse.

























textes originaux
[R]

 

En ligne le 05/07/13.
Dernière révision le 25/10/20.