Lyon, Jean de Tournes, 1545, pp. 132-133 [←Gallica].

Amor mhà posto, come segno a strale,
Comal Sol neue, come cera al fuoco,
E come nebbia al vento, è son già roco
Donna, merce chiamando, e a voi non cale.

Da gliocchi vostri vsciol colpo mortale,
Contra cui non mi val tempo, ne loco:
Da voi sola procede (e parui vn giuoco)
Il Sole, el fuoco, el vento, ondio son tale.

I pensier, son saette, el viso, vn Sole,
El desir, fuoco, enseme con questarme
Mi punge Amor, mabbaglia, e mi distrugge,

E lAngelico canto, e le parole
Col dolce spirto, ondio non posso aitarme,
Son Laura, innanzi a cui mia vita fugge.

Avignon, B. Bonhomme, 1555, I, LXXXI, pp. 95-96 [←Gallica].

Amour ma mis comme un but à sa darde,
Et cire au feu, neige au soleil roué,
Au vent nuée, et suis tout enroué
Criant merci, Dame, et ny prenez garde.

Du coup mortel de vos yeux faut que jarde,
Et tout mon temps jusquici jai joué.
Vous en riez, qui êtes le loué
Vent, feu, soleil dont tel on me regarde.

Le désir feu, un soleil les regards,
Et vos yeux sont à mon avis les dards,
Par qui amour méblouit, brûle et pique.

Le beau parler, et le chant angélique,
Les doux esprits, qui ma force ont ravie,
Ce sont les vents, devant qui fuit ma uie.

Les Œuvres, « Sonnets d’Amour »,
Paris, Étienne Groulleau, 1553, f° 34v° [←Gallica].

Ce petit Dieu ma mis comme la neige au chaud,
Comme le blanc au trait, et la cire à la flamme,
Comme la nue au vent, jà tout enroué, Dame,
De vous crier merci : mais il ne vous en chaut.

De vos yeux vient le coup dont mourir il me faut
Contre qui ne vaut temps, maille de fer, ni lame,
Tout vient de vous, le feu, le soleil, qui menflamme,
Et si vous semble jeu, le tourment qui massaut.

Les pensers, ce sont traits : un soleil, le visage,
Désir, feu, dont amour, avec ces armes-ci,
Menferre, méblouit, de mon cœur fait ravage,

Et le divin esprit, la voix, laccent aussi,
Ce sont les doux tyrans, de mon âme en servage,
Qui me tirent aux pieds, des doux monts sans merci.

Paris, Vincent Sertenas, 1557, XCVI, f° 33r° [←Gallica].

Comme un blanc à sagette Amour a fait mon âme,
Comme neige au soleil, et comme cire au feu,
Et comme nue au vent, mais il ten chaut bien peu,
Et maides toujours moins quand plus je te réclame.

De ton œil brunissant sort le coup qui mentame
Contre qui ne me vaut hélas ! ni temps ni lieu,
De toi seule procède, et non du petit Dieu,
Le soleil, et le feu, et le vent qui mépâme.

Mon penser amoureux est le trait si cuisant,
Ton visage divin le Soleil si luisant,
Et mon désir ardent la flamme poursuivie,

De quoi amour me point, maveugle, et me détruit,
Et ta voix est le vent au-devant de qui fuit
Trop vitement hélas ! ma misérable vie.

Les Œuvres poétiques, « Livre des Sonnets amoureux »,
Paris, Jean de Bordeaux, 1572, sonnet 28, f° 56r° [←Gallica].

AMour ma mis ainsi quun blanc de sa quadrelle

Comme neige au soleil, et comme cire au feu,
Comme la nue au vent, mais il vous chaut bien peu,
Quand merci je demande à ma peine cruelle,

De votre œil seulement vint la playe mortelle,
Contre qui ne vaut rien ni le temps ni le lieu,
De vous (et toutefois vous le tenez à jeu)
Vient le soleil, lardeur et le vent qui me grêle.

Mes pensers sont les traits, le soleil, le visage,
Et lardeur mes désirs, avec cet équipage
Amour cruel me point mafolle et me détruit.

Ce chanter angelic, cette douce parole,
Ce soupir plein de musc, qui loin de moi senvole
Sont les vents amoureux, où mon âme senfuit.

Paris, Abel L’Angelier, 1576, I, XXXIV, ff. 9v°-10r° [←Gallica].

Amour Tyran ma mis comme au soleil la neige,
Comme un blanc à la butte, et comme au feu la cire,
Comme au vent la nuée, et en mon gref martyre
Je quiers merci à Flore, et point ne me soulage.

Elle comme un soleil fait hâler mon visage,
Et crevasse mon corps et mes humeurs attire:
Comme un archer adroit dans mon cœur elle tire,
Et chasse comme un vent, ma force et mon courage.

Sa face est le soleil, mes pensers sont les dards,
Le feu cest mon désir, cest mon souci épars,
Qui de nuit, qui de jour fait quen Flore je vive.

Et le vent cest sa voix, cest son doucereux chant,
Qui charmant mon oreille et mon cœur alléchant,
Exile de mon corps mon âme fugitiue.

Gramont, Amour m’a placé… (1842)   ↓   ↑   ⇑  →t.o.
Poésies de Pétrarque, « Du vivant de Laure »,
Paris, Paul Masgana, 1842, sonnet CIII, p. 101 [←Gallica].

il exprime ses tourments par quatre comparaisons.

Amour m’a placé comme le but devant la flèche, comme la neige au so­leil, comme la cire au feu, comme la nuée sous le vent ; et je suis dé­jà en­roué, Ma­dame, à force de crier grâce sans qu’il vous en sou­cie.

C’est de vos yeux qu’est sor­ti le coup mor­tel contre le­quel ne m’aide ni le temps ni le lieu ; de vous seule pro­cède (et cela vous semble un jeu) le so­leil, et le feu et le vent qui m’ont ren­du tel.

Les pen­sées sont des flèches, et le vi­sage un so­leil, et le dé­sir est le feu ; et, avec ces armes, Amour à la fois me perce, m’aveugle et me dis­sout :

Et le chant angé­lique et les pa­roles, avec la douce ha­leine dont je ne puis me dé­fendre, sont la brise de­vant la­quelle ma vie s’en­fuit.

























Avignon, B. Bonhomme, 1555, I, LXXXI, pp. 95-96 [←Gallica].

Amour ma mis comme un but à sa darde,
Et cire au feu, neige au soleil roué,
Au vent nuée, et suis tout enroué
Criant merci, Dame, et ny prenez garde.

Du coup mortel de vos yeux faut que jarde,
Et tout mon temps jusquici jai joué.
Vous en riez, qui êtes le loué
Vent, feu, soleil dont tel on me regarde.

Le désir feu, un soleil les regards,
Et vos yeux sont à mon avis les dards,
Par qui amour méblouit, brûle et pique.

Le beau parler, et le chant angélique,
Les doux esprits, qui ma force ont ravie,
Ce sont les vents, devant qui fuit ma uie.

Les Œuvres, « Sonnets d’Amour »,
Paris, Étienne Groulleau, 1553, f° 34v° [←Gallica].

Ce petit Dieu ma mis comme la neige au chaud,
Comme le blanc au trait, et la cire à la flamme,
Comme la nue au vent, jà tout enroué, Dame,
De vous crier merci : mais il ne vous en chaut.

De vos yeux vient le coup dont mourir il me faut
Contre qui ne vaut temps, maille de fer, ni lame,
Tout vient de vous, le feu, le soleil, qui menflamme,
Et si vous semble jeu, le tourment qui massaut.

Les pensers, ce sont traits : un soleil, le visage,
Désir, feu, dont amour, avec ces armes-ci,
Menferre, méblouit, de mon cœur fait ravage,

Et le divin esprit, la voix, laccent aussi,
Ce sont les doux tyrans, de mon âme en servage,
Qui me tirent aux pieds, des doux monts sans merci.

Paris, Vincent Sertenas, 1557, XCVI, f° 33r° [←Gallica].

Comme un blanc à sagette Amour a fait mon âme,
Comme neige au soleil, et comme cire au feu,
Et comme nue au vent, mais il ten chaut bien peu,
Et maides toujours moins quand plus je te réclame.

De ton œil brunissant sort le coup qui mentame
Contre qui ne me vaut hélas ! ni temps ni lieu,
De toi seule procède, et non du petit Dieu,
Le soleil, et le feu, et le vent qui mépâme.

Mon penser amoureux est le trait si cuisant,
Ton visage divin le Soleil si luisant,
Et mon désir ardent la flamme poursuivie,

De quoi amour me point, maveugle, et me détruit,
Et ta voix est le vent au-devant de qui fuit
Trop vitement hélas ! ma misérable vie.

Les Œuvres poétiques, « Livre des Sonnets amoureux »,
Paris, Jean de Bordeaux, 1572, sonnet 28, f° 56r° [←Gallica].

AMour ma mis ainsi quun blanc de sa quadrelle

Comme neige au soleil, et comme cire au feu,
Comme la nue au vent, mais il vous chaut bien peu,
Quand merci je demande à ma peine cruelle,

De votre œil seulement vint la playe mortelle,
Contre qui ne vaut rien ni le temps ni le lieu,
De vous (et toutefois vous le tenez à jeu)
Vient le soleil, lardeur et le vent qui me grêle.

Mes pensers sont les traits, le soleil, le visage,
Et lardeur mes désirs, avec cet équipage
Amour cruel me point mafolle et me détruit.

Ce chanter angelic, cette douce parole,
Ce soupir plein de musc, qui loin de moi senvole
Sont les vents amoureux, où mon âme senfuit.

Paris, Abel L’Angelier, 1576, I, XXXIV, ff. 9v°-10r° [←Gallica].

Amour Tyran ma mis comme au soleil la neige,
Comme un blanc à la butte, et comme au feu la cire,
Comme au vent la nuée, et en mon gref martyre
Je quiers merci à Flore, et point ne me soulage.

Elle comme un soleil fait hâler mon visage,
Et crevasse mon corps et mes humeurs attire:
Comme un archer adroit dans mon cœur elle tire,
Et chasse comme un vent, ma force et mon courage.

Sa face est le soleil, mes pensers sont les dards,
Le feu cest mon désir, cest mon souci épars,
Qui de nuit, qui de jour fait quen Flore je vive.

Et le vent cest sa voix, cest son doucereux chant,
Qui charmant mon oreille et mon cœur alléchant,
Exile de mon corps mon âme fugitiue.

Gramont, Amour m’a placé… (1842)   ↓   ↑   ⇑  o
Poésies de Pétrarque, « Du vivant de Laure »,
Paris, Paul Masgana, 1842, sonnet CIII, p. 101 [←Gallica].

il exprime ses tourments par quatre comparaisons.

Amour m’a placé comme le but devant la flèche, comme la neige au so­leil, comme la cire au feu, comme la nuée sous le vent ; et je suis dé­jà en­roué, Ma­dame, à force de crier grâce sans qu’il vous en sou­cie.

C’est de vos yeux qu’est sor­ti le coup mor­tel contre le­quel ne m’aide ni le temps ni le lieu ; de vous seule pro­cède (et cela vous semble un jeu) le so­leil, et le feu et le vent qui m’ont ren­du tel.

Les pen­sées sont des flèches, et le vi­sage un so­leil, et le dé­sir est le feu ; et, avec ces armes, Amour à la fois me perce, m’aveugle et me dis­sout :

Et le chant angé­lique et les pa­roles, avec la douce ha­leine dont je ne puis me dé­fendre, sont la brise de­vant la­quelle ma vie s’en­fuit.

























textes modernisés
[R]

 

En ligne le 11/11/17.
Dernière révision le 16/04/24.