Francesco PETRARCA (1304-1374)
Lyon, Jean de Tournes, 1545, pp. 149-150 [←Gallica].

Quel sempre acerbo, et honorato giorno
Mandò si al cor l’imagine sua viua,
Che’ngegno, o stil non fia mai, che’l descriua:
Ma spesso a lui con la memoria torno.

L’atto dogni gentil pietate adorno,
E’l dolce amaro lamentar, ch’i vdiua,
Facean dubbiar, se mortal donna, o Diua
Fosse, che’l Ciel rassernaua intorno.

La testa, Or fino, e calda neue, il volto
Hebeno, i cigli, e gliocchi eran due stelle,
Ond’Amor l’arco non tendeua in fallo,

Perle, e rose vermiglie, oue l’accolto
Dolor formaua ardenti voci, e belle,
Fiamma, i sospir, le lagrime, Cristallo.

Avignon, B. Bonhomme, 1555, I, LXXXIX, p. 100 [←Gallica].

L’honoré jour, que j’eus deuil et liesse,
Tant dans mon cœur cette image plantait,
Que fort serait le temps, si l’en ôtait,
Car d’y penser nuit et jour je ne cesse.

L’esprit, qui est honneur de gentillesse,
Et les doux plaints, amers, qu’on écoutait,
Faisaient douter, si qui tels les jetait
Si doucement, était femme ou déesse.

Le chef d’or fin, face de neige ardente,
Sourcils d’Ébène, étoiles non pareilles,
Et par-dessus perles, roses vermeilles,

C’était d’amour la glorieuse tente.
Et les soupirs, qui donnaient les alarmes,
Étaient de flamme, et de cristal les larmes.

Paris, veuve Maurice de La Porte, 1552, p. 90 [←Gallica].

Le feu jumeau de Madame brûlait
Par le rayon de sa flamme divine,
L’amas pleureux d’une obscure bruine
Qui de leur jour la lumière celait.

Un bel argent chaudement s’écoulait
Dessus sa joue, en la gorge ivoirine,
Au paradis de sa chaste poitrine,
Où l’Archerot ses flèches émoulait.

De neige tiède était sa face pleine,
D’or ses cheveux, ses deux sourcils d’ébène,
Ses yeux m’étaient un bel astre fatal :

Roses et lis, où la douleur contrainte
Formait l’accent de sa juste complainte,
Feu ses soupirs, ses larmes un cristal.

Gramont, Ce jour à jamais cruel… (1842)   ↓   ↑   ⇑  →t.o.
Poésies de Pétrarque, « Du vivant de Laure »,
Paris, Paul Masgana, 1842, sonnet CXXVIII, p. 116 [←Gallica].

les larmes de laure.

Ce jour à jamais cruel et sa­cré m’a en­voyé au cœur son image vi­vante, de telle sorte qu’il n’y au­ra ja­mais de gé­nie ou de style qui puisse en par­ler ; mais la mé­moire me re­porte sans cesse vers lui.

Le main­tien que la plus noble sen­si­bi­li­té em­bel­lit, et la douce amer­tume des plaintes que j’en­ten­dais, fai­saient dou­ter si ce fut une dame mor­telle ou bien une di­vi­ni­té qui éclair­cis­sait le ciel tout à l’en­tour.

Sa tête était de l’or fin et son vi­sage une neige éblou­is­sante ; ses cils étaient d’ébène et ses yeux deux étoiles où l’Amour ne ten­dait pas son arc inu­ti­le­ment.

Des perles et des roses ver­meilles bril­laient là où la dou­leur con­cen­trée for­mait de belles et ardentes pa­roles ; ses sou­pirs étaient une flamme, et ses larmes du cris­tal.

























Avignon, B. Bonhomme, 1555, I, LXXXIX, p. 100 [←Gallica].

L’honoré jour, que j’eus deuil et liesse,
Tant dans mon cœur cette image plantait,
Que fort serait le temps, si l’en ôtait,
Car d’y penser nuit et jour je ne cesse.

L’esprit, qui est honneur de gentillesse,
Et les doux plaints, amers, qu’on écoutait,
Faisaient douter, si qui tels les jetait
Si doucement, était femme ou déesse.

Le chef d’or fin, face de neige ardente,
Sourcils d’Ébène, étoiles non pareilles,
Et par-dessus perles, roses vermeilles,

C’était d’amour la glorieuse tente.
Et les soupirs, qui donnaient les alarmes,
Étaient de flamme, et de cristal les larmes.

Paris, veuve Maurice de La Porte, 1552, p. 90 [←Gallica].

Le feu jumeau de Madame brûlait
Par le rayon de sa flamme divine,
L’amas pleureux d’une obscure bruine
Qui de leur jour la lumière celait.

Un bel argent chaudement s’écoulait
Dessus sa joue, en la gorge ivoirine,
Au paradis de sa chaste poitrine,
Où l’Archerot ses flèches émoulait.

De neige tiède était sa face pleine,
D’or ses cheveux, ses deux sourcils d’ébène,
Ses yeux m’étaient un bel astre fatal :

Roses et lis, où la douleur contrainte
Formait l’accent de sa juste complainte,
Feu ses soupirs, ses larmes un cristal.

Gramont, Ce jour à jamais cruel… (1842)   ↓   ↑   ⇑  o
Poésies de Pétrarque, « Du vivant de Laure »,
Paris, Paul Masgana, 1842, sonnet CXXVIII, p. 116 [←Gallica].

les larmes de laure.

Ce jour à jamais cruel et sa­cré m’a en­voyé au cœur son image vi­vante, de telle sorte qu’il n’y au­ra ja­mais de gé­nie ou de style qui puisse en par­ler ; mais la mé­moire me re­porte sans cesse vers lui.

Le main­tien que la plus noble sen­si­bi­li­té em­bel­lit, et la douce amer­tume des plaintes que j’en­ten­dais, fai­saient dou­ter si ce fut une dame mor­telle ou bien une di­vi­ni­té qui éclair­cis­sait le ciel tout à l’en­tour.

Sa tête était de l’or fin et son vi­sage une neige éblou­is­sante ; ses cils étaient d’ébène et ses yeux deux étoiles où l’Amour ne ten­dait pas son arc inu­ti­le­ment.

Des perles et des roses ver­meilles bril­laient là où la dou­leur con­cen­trée for­mait de belles et ardentes pa­roles ; ses sou­pirs étaient une flamme, et ses larmes du cris­tal.

























textes modernisés
[R]

 

En ligne le 20/03/16.
Dernière révision le 02/11/23.