César de NOSTREDAME
(1553-1629)
Dernier poème en ligne :
1606 : Pensons un peu…
Ouvrir sur Gallica :
2 extraits de poème sur preambule.net :

Le Jourdain contremont se débonde

et se roule

Comme je fais ici débonder mes écrits,
On voit les cieux tout noirs

pleins d’ombres et de toiles,

Soleil et Lune en deuil, déclouer les Étoiles,
Et tous les Éléments se distiller en cris.






 
César de NOSTREDAME, 1606
 

à très illustre,
HAUTE, PUISSANTE,

et Très vertueuse Dame Ellionor de
Mont-pezat, Comtesse de Carces.

M ADAME, Les Perles et les Larmes ont une tant étroite Sym­pa­thie et res­sem­blance, qu’elles sont con­çues et sont écloses de seule ro­sée et de seules gouttes, les unes étant filles du Ciel et de l’Au­rore et les autres du cœur et de l’œil. Si bien que ceux qui ont quelque ga­lante pra­tique avec la di­vine et muette Poé­sie, com­mu­né­ment appe­lée pein­ture (du don de la­quelle je rends in­fi­nies grâces à la na­ture) savent fort bien qu’un même pâle-bleu, même trait, même en­fon­dre­ment, même faux-jour, et même éclat s’y doit appli­quer. […] Car comme les Larmes qui pleuvent du ciel en la mer d’Inde se changent en perles qui enri­chissent l’Orient du bas Uni­vers. Tout de même les Larmes qui montent de cette basse terre en la haute mer de grâce se changent en Perles qui brodent le ciel et l’Orient de la di­vine Majes­té.

 
L’abbé GOUJET, 1753
 

CESAR NOSTRADAMUS.

La date de la mort de César Nostra­da­mus m’est plus con­nue que celle de la mort de Claude Hopil ; il est sûr que le pre­mier mou­rut en 1629[1]. Il était fils de Mi­chel Nos­tra­da­mus, ou de Nos­tre­dame, Mé­de­cin et Astro­logue, si fa­meux par ses Cen­tu­ries, né le 14 Dé­cembre 1503, et mort d’hy­dro­pi­sie le 2 Juil­let 1566. J’avais con­çu d’abord le des­sein d’en­trer dans quelque dé­tail sur cet écri­vain qui a eu beau­coup plus de ré­pu­ta­tion qu’il n’en mé­ri­tait, et que je con­si­dère beau­coup plus comme un vi­sion­naire que comme un im­pos­teur ; mais quoique ses Cen­tu­ries soient en Vers Fran­çais, on ne lui a ja­mais don­né le titre de Poète, et per­sonne ne l’a pla­cé au rang de nos Poètes Fran­çais. C’était, comme je l’ai dit, un homme li­vré à l’As­tro­lo­gie ju­di­ciaire ; et je ren­voie à ce que je pour­rais en dire, à l’ar­ticle de ceux qui se sont li­vrés à de pa­reilles vi­sions, si ja­mais je traite ce sujet. On peut con­sul­ter, en atten­dant, L’Apo­lo­gie des Grands hommes accu­sés de Ma­gie, par Ga­briel Nau­dé, pag. 461 et suiv. de l’édi­tion de Paris 1625, in-8°, et deux articles très cu­rieux sur Nos­tra­damus et ses Com­men­tateurs, dans les Nou­veaux Mé­moires d’His­toire, de Cri­tique, et de Lit­té­ra­ture, par M. l’Ab­bé d’Ar­ti­gny, l’ar­ticle 45 du tome 2e et le 54e du tome 3e.

Son fils Cé­sar na­quit à Sa­lon en 1555 peu de temps aupa­ra­vant que son Père don­nât une nou­velle édi­tion de ses pré­ten­dues Pro­phé­ties, aug­men­tées de 300 qui n’avaient point en­core pa­ru, puis­que la Pré­face de cette nou­velle édi­tion, da­tée du 1 Mars 1555, est adres­sée à ce fils qui ven­cit de naistre. La mère de Cé­sar se nom­mait Anne Pon­sard. Après les études ordi­naires, il fut en­voyé à Avi­gnon pour y étu­dier en Droit. Il aima aus­si les Arts, et les cul­ti­va, du moins la Pein­ture, dans la­quelle on assure qu’il était de­ve­nu ha­bile. Il fut Con­sul de Sa­lon en 1598 ; dans plu­sieurs de ses Ou­vrages, il se qua­li­fie Écuyer et Gen­til­homme Pro­ven­çal ; et dans d’autres, Écuyer du Duc de Guise, Charles de Lor­raine, qui fut Gou­ver­neur de Pro­vence depuis 1595 jus­qu’en 1632. Le 1 de No­vembre 1622, Louis XIII étant venu à Sa­lon, Cé­sar eut l’hon­neur de lui pré­sen­ter quelques Son­nets, que Sa Ma­jes­té re­çut fa­vo­ra­ble­ment. Étant dé­jà âgé, il épou­sa Claire de Gri­gnan, fille de Jean de Gri­gnan, et de Jeanne de Cra­ponne ; il n’en eut point d’en­fants. S’étant re­ti­ré à Saint-Rémy pe­tite Ville de Pro­vence, à quatre lieues d’Arles, il y fut atta­qué de la peste, qui l’en­le­va de ce monde, à l’âge de 74 ans.

[…]

Je dis dans ses Poé­sies ; car il était Poète, et c’est en cette qua­li­té que j’en parle. Il a com­po­sé en ce genre un nombre de Pièces, dont la plu­part furent im­pri­mées à Tou­louse en 1606 par les soins du sieur Delsherms Avo­cat. En 1607 il fit pa­raître des Vers fu­nèbres sur la mort de Charles Du Ver­dier, Écuyer de M. de Guise, qui excel­lait à jouer du Luth, et qui était mort en 1601 à la fleur de son âge. En 1608 il don­na des Pièces Hé­roïques, et di­verses Poé­sies, qu’il dé­dia à Charles de Lor­raine, Duc de Guise, Gou­ver­neur de Pro­vence. L’Épitre Dédi­ca­toire, da­tée de Sa­lon le 20 Juin 1608, si­gnée Cé­sar de Nos­tre­dame, est sui­vie d’un Son­net au même Prince. Dans cette Épitre, et dans un court avis au Lec­teur, il parle d’un Poème, in­ti­tu­lé Hip­piade, ou les Che­va­liers, qui de­vait con­te­nir dix Livres, et envi­ron douze mille Vers : ce Poème n’a ja­mais pa­ru.

[…]

L’abbé GOUJET,
Biblio­thèque fran­çaise,
ou His­toire de la Lit­té­ra­ture fran­çaise,
tome XV, 1753, pp. 212-214
[Gallica, NUMM-50658, PDF_268_270]
(texte modernisé).


________

Notes

[1] La « vie » de César de Nostre­dame suc­cède dans la Bi­blio­thèque de l’abbé Gou­jet à celle de Claude Ho­pil.



Et le doux souvenir rendit ma grotte un ciel

D’avoir lavé les pieds qui lavèrent le monde.

 
 
 

Liens

Études

* On peut lire sur Persee, por­tail de pu­bli­ca­tion élec­tro­nique de re­vues scien­ti­fiques en sciences hu­maines et so­ciales, un compte ren­du de lec­ture, par J.-R. Fanlo, des Œuvres spi­ri­tuelles de Cé­sar de Nos­tre­dame, édi­tion cri­tique par Lance K. Donald­son Evans pu­bliée chez Droz en 2001, compte ren­du pu­blié dans le Bul­le­tin de l’As­so­cia­tion d’étude sur la Ré­forme, l’Hu­ma­nisme et la Re­nais­sance, n° 55, 2002, pp. 141-143.

Liens valides au 23/04/21




En ligne le 01/06/16.
Dernière révision le 23/04/21.