Guillaume DES AUTELS (1529-1581)
Lyon, J. de Tournes et G. Gazeau, 1551, pp. 105-106 [←Gallica].

De son heureuse infélicité, et triste liesse.

Mon cœur, ma voix, ma main, et mes deux yeux
Par pensement, par chants, par écriture,
Et par cent fois repétée lecture
Prennent ébat tristement gracieux :

Le cœur heureux ne pourrait avoir mieux
Que sur son aile Amour par grande cure
Porte au plus beau que fit oncques Nature
En le logeant plus dignement qu’aux Cieux.

Mais cette voix, cette main, cette vue,
Pour ne se faire ouïr, pour ne toucher,
Et pour ne voir la chose d’esprit vue,

Plaintes, écrits, et pleurs me font lâcher,
Tant que le cœur à pitié incité
Triste devient en sa félicité.

Mon cœur, ma voix… (1553)
Lyon, Jean Temporal, 1553, XCVII, ff. D6v°-D7r° [←Gallica].

En l’absence de sa Sainte.

Mon cœur, ma voix, ma main dextre, mes yeux,
Par pensement, par chants, par écriture,
Et par cent fois remachée lecture,
Prennent ébat tristement gracieux :

Le cœur heureux ne pourrait avoir mieux,
Que sur son aile Amour par grande cure
Porte au plus beau que fit oncques Nature,
Pour le loger plus doucement qu’aux cieux :

Mais cette voix, cette main, cette vue,
Pour ne se faire ouïr, pour ne toucher,
Et pour ne voir, la chose en esprit vue,

Plaintes, écrits, et pleurs me font lâcher,
Tant que le cœur à pitié incité,
Triste devient en sa félicité.

textes modernisés
[R]

 

En ligne le 20/02/20.
Dernière révision le 19/02/22.