Olivier de MAGNY (1529-1561)
Paris, Étienne Groulleau, 1553, Sonnets, f° 3v° [←Gallica].

Ie cherche Paix, & ne trouue que Guerre,
Ore i’ay peur, ore ie ne crains rien,
Tantost du mal, & tantost i’ay du bien,
Ie vole aux cieux, & ne bouge de terre.

Dans mes desirs l’esperance i’enserre,
Puis en l’instant ie luy romps le lyen,
I’ayme celuy qui m’est le seul moyen
Du dard pointu qui sans cesse m’enferre,

Ie voy sans yeux, ie cours sans deplacer,
Libre ie suis, & me sens enlacer
D’vn cable d’or qui le Soleil egalle.

Ie glace au feu, & brusle dedans l’eau,
Ie riz en pleurs & ronge mon cerueau,
Chantant tousiours comme fait la cigalle.

Paris, Vincent Sertenas, 1557, CIII, f° 35r° [←Gallica].

Ie cherche paix, & ne trouue que guerre,
Ores i’ay peur, ores ie ne crains rien,
Tantost du mal & tantost i’ay du bien,
Ie vole au ciel & ne bouge de terre.

Au cueur doubteux l’esperance i’enserre,
Puis tout à coup ie luy romps le lyen,
Ie suis à moy & ne puis estre mien,
Suyuant sans fin qui me fuyt &
m’enferre.

Ie voy sans yeux, ie cours sans desplacer,
Libre ie suis & me sens enlaçer
D’vn poil si beau que l’or mesme il egale:

I’englace au feu, ie brusle dedans l’eau,
Ie riz en pleurs, & ronge mon cerueau,
Chantant tousiours comme fait la cigalle.

textes originaux
[R]

 

En ligne le 17/08/19.
Dernière révision le 08/02/20.