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TRADUCTIONS 
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IMITATIONS 
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1548,
Philieul, traduction. 
1575, Du Tronchet, traduction.
 
1600, Maldeghem, traduction. 
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1549,
Du Bellay, imitation. 
1549, Tyard, imitation. 
1553, Des Autels, imitation. 
1576, Chantelouve, imitation. 
1584, J. de Romieu, imitation. 
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    Bien heureux
soit le iour, le mois, l’année, 
Et
la saison, le temps, le poinct, et l’heure, 
Le beau païs, le lieu, & la demeure, 
Ou deux beaux yeux m’ont l’attainte
donnée. 
    Et bien heureuse est ma peine
ordonnée 
Par le desir d’une ioye mal seure, 
Bien heureux soit l’arc, les trectz, la blesseure, 
Et bien heureuse en soit ma destinée. 
    Bien heureux soient tous les pensers
& dictz, 
Souspirs, desirs, & larmes amoureuses, 
Qu’oncques au nom de ma dame rendis. 
    Et soient encor les cartes bien heureuses, 
Oi luy acquiers renom, & ma pensée, 
Qui d’elle seule ha peu estre blessée. 
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O prison
doulce, ou captif ie demeure 
    Non par dedaing, force, ou inimitié, 
    Mais par les yeulx de ma doulce moitié 
    Qui m’y tiendra
iusq’à tant que ie meure. 
O l’an heureux, le mois, le iour, & l’heure, 
    Que mon coeur fut auecq’ elle
allié ! 
    O l’heureux nœu, par qui
i’y fu’ lié, 
    Bien que souuent ie plain’, souspire,
& pleure ! 
Tous prisonniers, vous etes en soucy, 
    Craignant la loy, & le iuge seuere, 
    Moy plus heureux, ie ne suis pas ainsi. 
Mile doulx motz, doulcement exprimez, 
    Mil’ doulx baisers, doulcement imprimez, 
    Sont les tormens ou ma foy perseuere. 
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Heureux le
moys, heureuse la
iournee, 
    Heureuse l’heure, & heureux le
moment, 
    Heureux le siecle, heureux le firmament, 
    Souz qui ma Dame heureusement fut nee. 
Heureuse soit l’heureuse destinee, 
    De l’astre heureux, lequel heureusement 
    Faisoit ce iour son heureux mouuement, 
    Sur toute estoille en bon aspect tournee. 
Heureux ce monde auquel elle seiourne, 
    Et le Soleil, qui autour d’elle tourne, 
    En s’éclipsant à
l’obiect de
sa veüe. 
Moy malheureux en mon affection, 
    Qui n’esiouis ma triste passion, 
    La congnoissant de si grand heur
pourueüe. 
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Benites
soyent les Octobrales
Ides, 
    Ou ie gaignay ma vie par ma mort: 
    Benite soit la beauté qui eut
tort 
    En surprenant les sens de raison vydes: 
Benites soyent les flesches homicides, 
    Qui de mon cœur outrepercent
le fort: 
    Beny, Romans, Pailleret, ou par sort 
    Ie vy l’honneur des Nymphes
Isarides: 
Benite soit cette plume pinceau, 
    L’ancre couleur, & le
papier tableau, 
    De ma douleur, qui soit aussi benie: 
Beny soit l’œil qui piteux la lira: 
    Benite soit la bouche qui dira, 
    BENITE SOIT D’AMOVR LA
TYRANNIE. 
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HEureux
soit ce iour
là, & le mois & l’année, 
Heureuse la saison, le temps, l’heure, & le point, 
Le pais singulier, le lieu où ie fus ioinct 
A deux yeux excellens prisons de ma pensee. 
    Heureux premier tourment, quand mon âme
offensee, 
Et mon cœur auec elle au vostre fut conioint, 
Les sagettes & l’arc par lesquels ie fus point 
Et dont fut à iamais ma poitrine blessee: 
    Heureuse encore soit celle voix par laquelle 
I’ay preféré le nom de maistresse si
belle, 
Les pleurs, & les désirs, & les souspirs
cuisans. 
    Heureux aussi soyent tous mes escrits de par elle, 
Dont i’ay acquis honneur la rendant immortelle, 
Et dont à elle seule i’addresse mes presens. 
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    Benit soit
l’an, & le iour & le mois 
Et la saison, le temps, l’heure, & le point, 
Le beau pays, & le lieu ou ie fus ioinct 
De deux beaux yeux, ou lié ie me vois: 
    Et beny soit le doux mal que i’auois, 
Lors que ie fus auec amour conioinct, 
Et la saiette, & l’arc dont ie fus poinct, 
Et le coup, que iusqu’à cueur ie reçois. 
    Benies soient tant de vois espandues, 
Par moy, criant d’Angelique le nom, 
Souspirs, desirs, & les larmes perdues. 
    Et benis soient tant de papiers en rime, 
Ou ie luy ay acquis tant de renom: 
Et mon penser, qui d’autre n’en estime. 
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BEni le
iour, & le mois,
& l’année, 
    Et le logis, le temps, l’heure,
& le
poinct, 
    Le beau païs, la ville, où ie
fus ioinct 
    De deux beaux yeux qui m’ont
l’ame
étonnee. 
Beni encor la douce destinée 
    Que i’endurei auec amour conioinct: 
    Et l’arc tendu, & le fer, qui
m’époinct, 
    Au fond du cœur d’vne fleche
empenée. 
Beni la voiz, & beni les soupirs, 
    Les doux accens, les larmes, les desirs, 
    Qu’ay en chantant épandu
pour ma dame. 
Et beni soit encor tout le papier 
    Où i’ai pour elle
vsé du
sainct metier 
    Qui fera viure à james nostre flame. 
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  Le iour, le mois,
& l’an, le temps & la saison, 
Aussi l’heure & le point soient benoits & la
place, 
Auec le beau païs, ou ie receu l’attache  
De deux beaus yeux qui m’ont lié d’vn
fort chaisnon. 
    Benoite la premiere & douce passion, 
Que i’eu’ pour a l’Amour me ioindre, & tant
se face 
Des flesches & de l’arc, dont ie sens
l’efficace, 
Et des plaies dont va iusqu’au coeur l’esguillon. 
    Benoites soient les voix, que i’ay par
resonnance 
Viue, nommant madame espars en abondance: 
Et benoits les souspirs, les pleurs, & le desir. 
    Et les papiers esquels i’ay fait sa
renommée 
Viure, encor soient benoits auecque ma pensée, 
Qui seule estant a elle en autre n’a plaisir. 
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| »»
texte modernisé  | 
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| COMMENTAIRE
DE
MALDEGHEM : Aiant eu le Poëte quelque fauorable salutation ou
regard de
M. L. il fit ce Sonnet, beniant toutes les choses qui y
entreuindrent. | 
 
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