Traductions et imitations de
Se la mia vita...
Le Préambule des innombrables
««« Canzoniere 12 »»»































Textes modernisés


TRADUCTIONS
IMITATIONS
1555, Philieul, traduction.
1575, Du Tronchet, traduction.
1600, Maldeghem, traduction.


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Canzoniere, 12 : Se la mia vita da l'aspro tormento...
1555 (1548) - Vasquin PHILIEUL, Toutes les Œuvres vul- gaires de Pétrarque, livre I, sonnet 8, p. 13, traduction.
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[««« Philieul »»»]

    Si tellement puis garantir ma vie
Du tourment âpre, et de l'être indigent,
Que l'appétit plus ne soit mon régent,
Et que splendeur de vos beaux yeux dévie :
    Et que vous aie, ô dame, tant servie,
Que le poil d'or soit changé en argent,
Et qu'envieilli soit ce beau teint si gent,
Qu'à pouvoir plaindre a ma force ravie :
    Au moins d'amour j'aurai tel avantage,
Que j'oserai vous dire mes travaux,
Et quels auront été mes passés maux.
    Mais si le temps est contraire au présage :
Jà n'adviendra toutefois qu'en secret
Mon deuil n'ait quelque aise du tard regret.
»» texte original ««« ~#~ »»»
ARGUMENT selon Philieul : Ici commence notre pauvre passionné entrer en matière, disant, que si à présent ne s'ose plaindre à sa dame pour la crainte, qui vient de trop aimer : il vit au moins en espérance, le pouvoir un jour faire quand tous deux seront vieux, & dehors soupçons : & que lors trop tard on regrettera de n'avoir eu merci de la peine d'autrui.








Canzoniere, 12 : Se la mia vita da l'aspro tormento...
1595 (1575) - Étienne DU TRONCHET, Lettres amoureuses, sonnet 12, pp. 234-235, traduction.
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[««« Du Tronchet »»»]

    SI ma vie se peut des furieux tourments
Et des tristes labeurs jusqu'à ce point défendre
Que sur mes derniers jours je puisse voir se rendre
De vos yeux excellents le doux enchantement :
    Ces cheveux de fin or argentés seulement,
Et autres que joyeux et verts vêtements prendre,
Cette face vermeille avoir couleur de cendre
Qui me fait tourmenter et plaindre lentement.
    Amour peut-être lors me donra hardiesse
Que je vous conterai le martyre et tristesse
Des années, des jours et heures de mon cours.
    Lors si l'âge défend l'amoureuse caresse,
Pour le moins mes douleurs trouveront, ma maîtresse,
En vos regrets tardifs quelque peu de secours.
»» texte original ««« ~#~ »»»








Canzoniere, 12Se la mia vita da l'aspro tormento...
1606 (1600) - Philippe de MALDEGHEM, Le Pétrarque en rime française, sonnet 11, pp. 30-31, traduction.
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[««« Maldeghem »»»]

    Si ma vue peut tant résister à l'envi,
Au travail et tourment âpre et intolérable,
Que la force des ans dame douce, honorable
Le dard de tes beaux yeux me montre être ébloui.
    Et les cheveux d'argent (étant évanoui
Leur teint d'or) sans guirlande ou coiffure semblable
Et au vert parement la face inconvenable
Qui à plaindre (à mon dam) m'a pris cœur et appui.
    Amour me donnera au moins la hardiesse,
Que je découvrirai la cause de ma presse,
Quels ont été mes jours, mes heures et mes ans.
    Et si la saison est aux beaux désirs contraire,
Ce ne sera point sans que ton cœur débonnaire
Fasse un soupir pour moi bien que hors de son temps.
»» texte original ««« ~#~ »»»
COMMENTAIRE DE MALDEGHEM : Le Poète n'ayant la hardiesse de découvrir à Madame Laure quel était son martyre, dit que s'il peut tant résister à ses ennemis & tourments, qu'il puisse devenir vieil, & elle aussi, qu'alors par l'amour il prendra tant de hardiesse que de lui dire, quelle a été sa peine, que pour l'amour d'elle il a souffert.