La figure de
l’anadiplose
Dernier poème en ligne :
La Gessée : Adieu Paris Adieu…
 


Anadiploses
en chaîne :
4 sonnets
Magny
1557
~ Maîtresse, je vou­drais…
Du Pré
1577
~ Pour pleurer à loi­sir…
La Gessée
1579
~ Adieu Paris Adieu…
Lasphrise
1597
~ Fallait-il que le Ciel…

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[R]




Antoine Fouquelin,
La Rhétorique française,
Paris, André Wechel, 1555,
Figure, Anadiplose, pp. 63-66.

L’anadi­plose est un nombre [1] par le­quel un même son est ré­pé­té à la fin du pre­mier vers, et au com­men­ce­ment du sui­vant. Ronsard :

ode 4 du 2e livre

Doncques avare cesse,
Cesse avare et délaisse
Tant de biens amasser.

Le même au même livre :

Tirant un gain de ton dommage,
Dommage que l’on ne sent point.

Baïf aux Amours de Méline :

livre I

Dedans cet œil Amour a mis sa flamme,
Flamme qui vient mes forces consumant.

En laquelle manière de nombre, plu­sieurs mots peuvent être répé­tés, comme aux autres ci-devant expli­quées. Ta­hu­reau en l’ode à Mes­sieurs les en­fants :

Ne veuilles heureuse jeunesse
Refuser le jeune labeur,
Le jeune labeur que j’adresse
Devers votre jeune grandeur.

Ronsard :

aux Amours

Et le plaisir qui ne se peut passer
De les songer, penser et repenser,
Songer, penser et repenser encore.

Ce nombre est affec­té par les poètes, en la Rime qu’ils appellent fra­tri­sée et an­nexée : exemple de la fra­tri­sée est en un Épi­gramme de Ma­rot à Cha­ron.

Mets voile au vent, cingle vers nous Charon,
Car on t’attend, et quand seras en tente
Tant et plus bois bonum vinum Charon.
Qu’aurons pour vrai, doncque sans longue attente,
Tente tes pieds à si décente sente,
Sans te fâcher, &c.

Exemple de l’an­nexée est aux chan­sons de ce même au­teur :

chanson 1

Plaisir n’ai plus, mais vis en déconfort,
Fortune m’a remis en grand’ douleur :
L’heur que j’avais est tourné en malheur :
Malheureux est, qui n’a aucun confort.
 
Fort suis dolent, et regret me remord,
Mort m’a ôté ma Dame de valeur,
L’heur que j’avais est tourné en malheur :
Malheureux est qui n’a aucun confort.

Le même :

chanson 3

Dieu gard ma Maîtresse et Régente,
Gente de corps, et de façon.
Son cœur tient le mien en sa tente
Tant et plus, d’un ardent frisson.
S’on m’oit pousser sur ma chanson
Son de Lucs, ou Harpes doucettes,
C’est Espoir qui sans marrisson,
Songer me fait en amourettes.

La Rhetorique françoise d’Antoine Foclin
de Chauny en Vermandois,
Gallica, ark:/12148/bpt6k63291011,
pp. 63-66 (texte modernisé).

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Notes
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[1] « Il y a deux sortes de fi­gures : l’une est en la dic­tion [le mot, l’expres­sion], l’autre en la sen­tence [la pen­sée].
La fi­gure de la dic­tion est une fi­gure qui rend l’orai­son
[le dis­cours] douce et har­mo­nieuse, par une ré­so­nance de dic­tions, appe­lée des an­ciens Nombre, la­quelle s’aper­çoit avec plai­sir et dé­lec­ta­tion. Par­quoi si je dis du nombre, je di­rai de la fi­gure de dic­tion.
Le nombre est une plai­sante mo­du­la­tion et har­mo­nie en l’orai­son. Le nombre se fait, ou par une cer­taine me­sure et quan­ti­té de syl­labes, gar­dée en l’orai­son : ou par une douce ré­so­nance des dic­tions de sem­blable son. »

La Rhétorique française, p. 35.

En ligne le 01/09/21.
Dernière révision le 14/07/22.