Étienne JODELLE (1532-1573)
Le dol longtemps masqué… (s.d.)
manuscrit : Français 25455, « Au Roi », Sonnets, f° 23v° [←Gallica].

Le dol longtemps masqué, la surprise, et l’audace,
Tombent en contreruse, en repousse, en rabais,
Quiconque hait la foi, le repos, et la paix,
Son erreur, son travail, sa guerre le pourchasse,

Tel ne se rend qu’un songe, un tronc et une glace,
Qui pensait bien veiller, fleurir, ardre en ses faits,
S’on veut vaincre, enrichir, revivre par méfaits,
La dépouille, la perte, et la mort nous menace.

Malheur quand l’âge vieil, le tort et la froideur
Rencontrent la jeunesse et le droit et l’ardeur,
Par l’heur projeté, l’effort et l’espérance

Ores tourne en malheur, faiblesse et désespoir,
Que l’Amiral, sa secte et leurs reîtres font voir
Que vaut notre grand Roi, notre Loi, notre France.

Paris, N. Chesneau & M. Patisson, 1574. Sonnets, «Des guerres de Henri II contre Charles Quint», f° 69v° [←Gallica].

Le dol longtemps couvé, la surprise, et l’audace,

Tombent en contreruse, en repousse, et rabais :
Quiconque hait les siens, leur repos, et leur paix,
L’étranger, le travail, la guerre le terrasse,

Celui n’est plus qu’un songe, un tronc, et une glace,
Qui veillait, florissait, et brûlait en ses faits :
S’on veut vaincre, enrichir, revivre par méfaits,
La dépouille, la perte, et la mort nous menace.

Malheur quand l’âge vieil, le trouble, et la froideur
Rencontre une jeunesse, un accord, une ardeur :
Par ces trois l’heur passé, l’effort, et l’espérance

Se tournent en malheur, faiblesse, et désespoir,
Or’ que l’Empereur, l’Aigle, et l’Espagne font voir
Que vaut notre grand Roi, notre Lys, notre France.

textes modernisés
[R]

 

En ligne le 15/01/23.
Dernière révision le 16/01/23.