François LE POULCHRE (v. 1546-v. 1596)
Je n’ai jamais la paix…
Paris, Marc Orry, 1587.

JE n’ai jamais la paix et ne peux faire guerre,

Je crains, j’espère, j’ards, j’ai l’estomac glacé,
J’embrasse tout le monde, et ne tiens rien pressé,
Je vole jusqu’aux cieux, et ne bouge de terre.

Telle m’a en prison, qui ne m’ouvre ni serre,
Ni sien me retenant n’a mon cep délacé.
Amour ne m’occit pas, ni vivant délaissé
Ne me tirant d’ennuis aussi ne me déferre.

Sans langue ni sans yeux je vois, je crie fort.
Je cherche du secours, je désire la mort.
Ennemi de moi seul autrui j’adore et aime.

Je ris en lamentant, je me pais de douleurs,
Le vivre et le mourir m’est une chose même,
En cet état m’ont mis Madame, vos rigueurs.

On peut cliquer sur certains mots pour voir les épithètes de Maurice de La Porte
 
 

JE n’ai jamais la paix et ne peux faire guerre,

Je crains, j’espère, j’ards, j’ai l’estomac glacé,
J’embrasse tout le monde, et ne tiens rien pressé,
Je vole jusqu’aux cieux, et ne bouge de terre.

Telle m’a en prison, qui ne m’ouvre ni serre,
Ni sien me retenant n’a mon cep délacé.
Amour ne m’occit pas, ni vivant délaissé
Ne me tirant d’ennuis aussi ne me déferre.

Sans langue ni sans yeux je vois, je crie fort.
Je cherche du secours, je désire la mort.
Ennemi de moi seul autrui j’adore et aime.

Je ris en lamentant, je me pais de douleurs,
Le vivre et le mourir m’est une chose même,
En cet état m’ont mis Madame, vos rigueurs.

 

En ligne le 01/06/05.
Dernière révision le 29/06/21.