Jacqueline de MIREMONT
(?-?)
Premier poème en ligne :
1602 : Plus tôt je compterais…
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Un extrait sur preambule.net :

Plutôt naîtra le jour de l’ombre de la terre,
Le doux miel de la mer, le repos de la guerre,

Qu’au cœur tyrannisé se trouve un vrai amour

 
 
 
Épitre liminaire
 

AUX DAMES.

Je l’avoue, Mesdames, mes épaules sont trop faibles pour le far­deau de vos mé­rites, vos louanges ne sont pas en lustre en mes pa­roles­, et c’est un oser trop éle­vé pour les ailes de mon pou­voir, si de­vez-vous[1] accor­der à mon zèle qu’il doit ce qu’il peut pour l’étof­fe­ment de vos tro­phées, et s’émou­voir avec rai­son : lorsqu’il oit les chantres du sexe con­traire, entre­prendre la publi­ca­tion de ce que vous va­lez pour avec une arti­fi­cieuse ma­lice taire les plus dignes de vos qua­li­tés, et dégui­ser celles que la force de la véri­té leur fera confes­ser : Récu­sez ces faux amis Mes­dames, et n’at­ten­dez pas que ceux qui n’apprennent à vos jeunes ans que l’igno­rance, qui énervent les belles facul­tés de vos Âmes, par les ma­notes de l’oisi­ve­té[2], qui ne vous veulent ca­pables que du tour­ne­ment d’un fu­seau, nées que pour leur ser­vir de Mar­rotes, des­ti­nées qu’à l’exer­cice de leur tyran­nie, vous puissent exal­ter : que ces Nains dis-je qui pour s’éle­ver vous abaissent, et de qui la chas­sie ne peut obser­ver vos So­leils aiment les éclats de votre gloire. Non, Mes­dames, leur encre char­bonne votre nom : mais voi­ci votre propre Apo­lo­gie, elle sort de vous, parle pour vous, et se for­ti­fie par vous, c’est un pe­tit abré­gé de votre excel­lence où autre que vous ne doit con­tri­buer, c’est un ta­bleau au­quel vous four­nis­sez, et l’art et la ma­tière, et où bril­lantes de mille vives cou­leurs, vous faites flam­boyer votre ver­tu. À vous donc la dé­fense de votre dé­fense, et à moi le bon­heur que le sort m’ait éveil­lé des pre­mières pour crier après l’en­ne­mi du capi­tole, hé que de tant que je pour­rais nom­mer entre vous, Mes­dames, n’en vois-je quelqu’une effa­cer de lustres les lignes de ce Li­vret, mar­quer ses triomphes en l’ané­an­tis­se­ment de mon la­beur, et se mon­trer digne trom­pette, d’une si écla­tante véri­té, mon bon Dé­mon le pro­phé­tisant ain­si me fait taire, Vi­vez con­tentes Dames ver­tueuses, et triom­phez tou­jours puisque la ver­tu ne se dés­ap­prend ja­mais.

Jacqueline de MIREMONT,
Apologie pour les Dames,
où est montré la précellence de la femme en toutes actions vertueuses,
1602, ff. 3v°-4v°
[Gallica, NUMM-1510450, PDF_12_14]
(texte modernisé).


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Notes

[1] « si de­vez-vous » : néan­moins vous de­vez

[2] « qui énervent les belles facul­tés de vos Âmes, par les ma­notes de l’oisi­ve­té » : qui affaiblissent les belles facul­tés de vos Âmes, par les me­nottes de l’oisi­ve­té


Je suis de terre et lourd,

Ève vie et esprit




Liens

Extrait en ligne

* On peut lire l’extrait de l’Apo­lo­gie pour les Dames consa­cré à Sa­pho dans une page de Saphisme.com.



 


En ligne le 12/11/21.
Dernière révision le 12/11/21.