Rémy BELLEAU
(1528-1577)
Dernier poème en ligne :
1556 : Si tu comptes des bois verts…

Qu’on mesure l’eau des rivières,
Et grain à grain les sablonnières

Du haut rivage Érythréan

 

 
Guillaume COLLETET

(1598-1659)

 

la vie
DE RÉMY BELLEAU

[1]

Voici l’un des pre­miers Poètes de cette fa­meuse Pléiade qui sous le règne du roi Hen­ri second tirèrent nos Muses fran­çaises du bégaie­ment où elles étaient, qui leur ins­pi­rèrent des paroles con­cer­tées, véri­ta­ble­ment très dignes d’elles, et qui mirent enfin par l’as­si­dui­té de leurs veilles notre langue en ce haut comble d’hon­neur et de gloire où nous l’avons trou­vée. Il naquit à Nogent-le-Rotrou au pays du Perche, sur les con­fins de la com­té du Maine, d’une noble et illustre famille, selon Mau­rice de La Porte qui, dans son curieux livre d’Épi­thètes fran­çaises, le nomme Rémy de Bel­leau et le qua­li­fie de gen­til­homme fran­çais. Comme il était con­som­mé dans l’in­tel­li­gence de la langue grecque et de la latine, voire même comme l’in­té­gri­té de sa vie était con­forme à son éru­di­tion sin­gu­lière, il fut choi­si pour gou­ver­ner et pour ins­truire la noble jeu­nesse de Charles, mar­quis d’El­bœuf, prince très illustre de la mai­son de Lor­raine, qui était en ce temps-là le favo­rable asile des savants hommes et des grands cou­rages. Ce fut en cette qua­li­té de savant et de guer­rier que René de Lor­raine duc d’Elbœuf le prit en affec­tion sin­gu­lière et le ser­vit de ses con­seils et de son bras même dans son voyage de Naples où cet excel­lent homme l’ac­com­pa­gna : et c’est de ce fameux voyage dont parle Ron­sard dans une de ses odes que j’in­sè­re­rai ici d’au­tant plus volon­tiers qu’elle ne se trouve que dans les pre­mières édi­tions de ses ouvrages, ayant été retran­chée des der­nières :

Donc Belleau, tu portes envie
Au dépouilles de l’Italie
Qu’encore ta main ne tient pas,
Et t’armant sous le duc de Guise
Tu penses voir broncher à bas
Les murailles de Naples prise.

J’eusse plutôt pensé les courses
Des eaux remonter à leurs sources
Que te voir changer aux harnois,
Aux piques et aux arquebuses,
Tant de beaux vers que tu avais
Reçus de la bouche des Muses.

[…] 

Les pre­miers ouvrages qu’il publia furent ses Com­men­taires sur le second livre des Amours de Pierre de Ron­sard, mar­chant en cela sur les pas de cet illustre per­son­nage Marc Antoine de Muret qui avait pris soin de com­men­ter le pre­mier livre des Amours de ce grand poète. […]

« La vie de Rémy Belleau par Guillaume Colletet »,
Œuvres com­plètes de Rémy Belleau,
nou­velle édi­tion publiée d’après les textes pri­mi­tifs avec variantes et notes par A. Gou­ver­neur, tome I, Paris, 1867, pp. xi-xiv
[Gallica, NUMM-27685, PDF_11_14]
(texte modernisé).


________

Notes de l’édition de 1867.

[1] Cette notice, impri­mée pour la pre­mière fois, est extraite de l’His­toire géné­rale et par­ti­cu­lière des Poètes fran­çais, etc., par Guil­laume Col­le­tet, de l’Acadé­mie fran­çaise (Manus­crit de la Bibl. imp. du Louvre, t. I de la copie.)





Liens

Étude

* On peut lire, de Mme Jean Braybrook, Le thème du matin chez Rémy Bel­leau, com­mu­ni­ca­tion publiée en 1993 dans le n° 45 des Cahiers de l’As­so­cia­tion inter­na­tio­nale des Études fran­çaises, en ligne sur Persée, portail de publi­ca­tion élec­tro­nique de revues scien­ti­fiques en sciences humaines et sociales.


Vie

* Une page consacrée à la sta­tue de Rémy Belleau à Nogent-le-Rotrou, par le sculp­teur Camille Gaté, sur le site de Jean-Claude Bourdais.

Liens valides au 21/10      /21.


 


En ligne le 18/01/06.
Dernière révision le 21/10/21.