Marie de GOURNAY (1565-1645)
Lorsqu’en son flanc pesant…
Paris, Jean Libert, 1626.

Lorsqu’en son flanc pesant la mère me porta,
Sur mon sexe incertain l’Oracle elle tenta.
Pour lui promettre un fils Phébus ouvrit la bouche,
Mars prédit qu’une fille étrennerait sa couche,
Junon, qu’un enfant neutre enflait ses intestins :
Hermaphrodite aussi j’accomplis ces destins.
Sur ma mort derechef l’Oracle elle réclame :
Junon dit que le glaive abrègerait ma trame,
Phébus, que mon trépas aux ondes était dû,
L’avis de Mars porta que je serais pendu.
Le Ciel encore un coup accomplit leur présage.
Car montant sur un arbre assis en un rivage,
Je glisse de malheur, mon chef trébuche en l’eau,
Mon pied reste surpris au fourchon d’un rameau,
Et ma dague en tombant de sa pointe me perce.
Quelle image de vie ou de fin plus diverse ?
Mâle, femelle, neutre, ainsi j’ouvris mes jours :

Dagué, pendu, noyé, je terminai leur cours.

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Lorsquen son flanc pesant la mère me porta,
Sur mon sexe incertain lOracle elle tenta.
Pour lui promettre un fils Phébus ouvrit la bouche,
Mars prédit quune fille étrennerait sa couche,
Junon, quun enfant neutre enflait ses intestins :
Hermaphrodite aussi jaccomplis ces destins.
Sur ma mort derechef lOracle elle réclame :
Junon dit que le glaive abrègerait ma trame,
Phébus, que mon trépas aux ondes était dû,
Lavis de Mars porta que je serais pendu.
Le Ciel encore un coup accomplit leur présage.
Car montant sur un arbre assis en un rivage,
Je glisse de malheur, mon chef trébuche en leau,
Mon pied reste surpris au fourchon dun rameau,
Et ma dague en tombant de sa pointe me perce.
Quelle image de vie ou de fin plus diverse ?
Mâle, femelle, neutre, ainsi jouvris mes jours :

Dagué, pendu, noyé, je terminai leur cours.

 

En ligne le 15/05/25.
Dernière révision le 15/05/25.