Anne de MARQUETS
(1533-1588)
Dernier poème en ligne :
1605 : Plus on charge la palme…

Si de ta sainte voix j’ai fait un nez de cire,

Si j’ai pensé, mon Dieu, de renverser ta voix,

Que je sois dès cette heure en la terre engloutie.

 
 
 
L’abbé GOUJET, 1752
 

ANNE DE MARQUETS.

J’ai été plus satis­fait des poé­sies spi­ri­tuelles d’Anne de Mar­quets[1], Reli­gieuse de l’Ordre de Saint Domi­nique. Cette pieuse fille était Fran­çaise, d’une fa­mille noble, et fut éle­vée avec beau­coup de soin, même dans l’étude des lettres hu­maines. Mais elle mépri­sa tous les avan­tages que le siècle pou­vait lui offrir, pour se consa­crer à Dieu dans la vie Reli­gieuse. Elle fit pro­fes­sion à Pois­sy, où il paraît qu’elle a fait sa demeure jus­qu’à sa mort. Elle vivait encore en 1571 puisque Claude Des­pence, dans son Tes­ta­ment, qui est du mois d’Oc­tobre de ladite année, lui lais­sa 30 livres de rente ; et l’on voit par un Son­net de P. Cointe­rel, qu’elle ne mou­rut que le onze de Mai 1588, jour de devant les Bar­ri­cades. Elle avait per­du la vue deux ans avant sa mort.

Anne de Mar­quetz (car c’est ain­si qu’elle signe son nom, et non Des Mar­quets, comme on le lit dans quelques Écri­vains,) avait eu d’étroites liai­sons avec Des­pence, de même qu’avec quan­ti­té d’autres per­sonnes de son temps dis­tin­guées dans l’Église et dans la Lit­té­ra­ture, qui es­ti­maient ses ta­lents, et plus encore sa mo­des­tie et sa pié­té.

Je vous ai par­lé ailleurs de sa tra­duc­tion en vers Fran­çais[a], des poé­sies pieuses faites en vers Latins par Marc-Antoine Flami­nio, et de celle de la Para­phrase des Col­lectes de l’Église, com­po­sée aussi en vers Latins par Claude Des­pence. Mais j’ai oublié de vous dire alors que la pre­mière tra­duc­tion, qui est de l’an 1568, est pré­cé­dée d’une longue Épître en vers Fran­çais, où Anne de Mar­quets donne d’ex­cel­lents avis concer­nant les de­voirs de la vie Chré­tienne, et ra­baisse beau­coup ses propres ta­lents. Cette Épître est adres­sée à Madame Mar­gue­rite sœur du Roi très Chré­tien Charles IX, et sui­vie d’un Son­net, à la même, où elle loue cette Prin­cesse. Les poé­sies Spiri­tuelles de notre Reli­gieuse, sont à la suite de cette tra­duc­tion. Elles consistent en onze Can­tiques ou Chan­sons Spi­ri­tuelles, et 40 Sonnets. Il y a dans ces poésies beau­coup de pié­té ; et l’Au­teur y montre une grande connais­sance de la Reli­gion, et un zèle solide et éclai­ré. Gilles Durant de La Ber­ge­rie, Ron­sard, et plu­sieurs autres Poètes du même temps en ont fait l’éloge en plu­sieurs en­droits de leurs poé­sies. Cette pieuse fille lais­sa en mou­rant à Madame de For­tia, Reli­gieuse du même Cou­vent, 380 Son­nets Spi­ri­tuels sur les Di­manches et prin­ci­pales Solen­ni­tés de l’année[2], qui furent impri­més en 1605, avec toutes les poé­sies La­tines et Fran­çaises qu’on put recueil­lir, et qui avaient été faites pour célé­brer les talents et les ver­tus de l’Au­teur.

L’abbé GOUJET,
Bibliothèque fran­çaise,
ou Histoire de la Litté­ra­ture fran­çaise,
tome XIII, 1752, pp. 109-111
[Gallica, NUMM-50656, PDF_135_137]
(texte modernisé).


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Notes

[1] La « vie » d’Anne de Marquets suc­cède, dans la Biblio­thèque de l’abbé Gou­jet, à celle de Geor­gette de Monte­nay, qui s’achève par ces mots : « Le recueil [des emblèmes] finit par […] une Énigme de plus de 70 vers, où je n’ai rien en­ten­du. »


[a] Note marginale : «Bibl. Franç. t. 7 p. 66 & suiv.»


[2] Les sonnets spirituels sont au nombre de 480, non 380.



Ha rompez les filets, désengluez vos ailes




Liens

Compte rendu d’édition papier

* On peut lire un compte rendu biblio­gra­phique de Robert Bossuat, publié en 1932 dans le n° 93 de la Biblio­thèque de l’École des Chartes, sur l’ou­vrage de Sœur Mary Hila­rine Sei­ler, C. D. P. Anne de Marquets, poé­tesse reli­gieuse du XVIe siècle (Uni­ver­si­té catho­lique de Washing­ton, 1931), sur Persée, por­tail d’édi­tion élec­tro­nique de revues scien­ti­fiques en sciences hu­maines et so­ciales.


Notice bio-biblio­graphique

* Une page de la Société Inter­na­tionale pour l’Étude des Femmes de l’Ancien Régime est consacrée à Anne de Mar­quets.

Liens valides au 07/07/21.


 


En ligne le 14/10/06.
Dernière révision le 07/07/21.