Ne per sereno Cielo ir vaghe Stelle,
Ne per tranquillo Mar legni spalmati,
Ne per campagne Caualieri armati,
Ne per bei boschi allegre Fiere, e snelle,
Ne d’aspettato ben
fresche nouelle,
Ne dir d’Amore in stili alti, & ornati,
Ne tra chiare fontane, e verdi prati
Dolce cantare honeste donne, e belle,
Ne altro sarà mai,
ch’al cor m’aggiunga,
Si seco il seppe quella sepellire,
Che sola a gliocchi miei fu lume, e speglio.
Noia m’èl viuer si
grauosa, e lunga,
Ch’ichiamo’l fine per lo gran
desire
Di riueder, cui non veder fu’l meglio.
Au
ciel n’y a étoiles, tant soient belles,
Ni par la mer bois
froissés ou glissants,
Ni par les champs Chevaliers reluisants,
Ni d’attendu
plaisir fraîches nouvelles :
Ni
par forêts courir fères rebelles,
N’ouïr
d’amours chants ornés et duisants,
Ni jouvenceaux par
prés et lieux plaisants
Long d’un
ruisseau avecque damoiselles,
Ni
cas aucun est, qui triste, ou joyeux
Fasse mon
cœur : tant l’a enseveli
Celle qui fut
lumière de mes yeux.
Tant
las de vivre est mon corps affaibli,
Que veux et veux mourir,
seul pour revoir
Ce
qu’à mes yeux mieux eût valu ne voir.
Ni par les bois les Dryades courantes,
Ni par les champs les fiers scadrons armés,
Ni par les flots les grands vaisseaux ramés,
Ni sur les fleurs les abeilles errantes,
Ni des forêts les tresses
verdoyantes,
Ni des oiseaux les corps bien emplumés,
Ni de la nuit les flambeaux allumés,
Ni des rochers les traces ondoyantes,
Ni les piliers des saints temples
dorés,
Ni les palais de marbre élaborés,
Ni l’or encor, ni la perle tant claire,
Ni tout le beau, que
possèdent les cieux,
Ni le plaisir pourrait plaire à mes yeux,
Ne voyant point le Soleil, qui m’éclaire.
Ni voir flamber au point du jour les
roses,
Ni lis planté sur le bord d’un ruisseau,
Ni chant de luth, ni ramage d’oiseau,
Ni dedans l’or les gemmes bien encloses.
Ni des zéphirs les gorgettes
décloses,
Ni sur la mer le ronfler d’un vaisseau,
Ni bal de Nymphe au gazouillis de l’eau,
Ni de mon cœur mille métamorphoses.
Ni camp armé de lances
hérissé,
Ni antre vert de mousse tapissé,
Ni les Sylvains qui les Dryades pressent,
Et jà
déjà les domptent à leur
gré,
Tant de plaisirs ne me donnent qu’un Pré,
Où sans espoir mes espérances paissent.
Ni voir le peuple épais, qui
troupe à qui troupe arrive,
Ni d’ouïr au reflot le murmure des eaux,
Ni voir sur l’eau ramer mille et mille vaisseaux,
Ni la fraîcheur qu’on prend au bord de cette rive.
Ni de voir promener la brigade lascive,
Qu’Amour tient en ses rets, de mille damoiseaux,
Ni pouvoir s’éjouir de mille ébats
nouveaux,
Cela ne peut flatter la loi qui nous captive.
Dure et cruelle loi, qui contre mon
désir
Me fait d’un entretien dérober ton plaisir,
Pour couvrir ton larcin fait en chose plus grande.
Dure et cruelle loi, qui te contraint
aussi
De feindre, pour cacher ton amoureux souci,
À autre Saint qu’au tien, adresser ton offrande.
rien ne peut consoler sa douleur
Ni dans le ciel serein la marche des errantes étoiles ; ni sur une mer tranquille celle des bateaux goudronnés ; ni le passage des cavaliers armés à travers la campagne, ou des bêtes allègres et bondissantes à travers de beaux bois ;
Ni de fraîches nouvelles d’un bien que l’on attend ; ni les récits d’amour en style noble et choisi ; ni, parmi les limpides fontaines et les prés verdoyants, les doux chants des dames chastes et belles ;
Ni rien enfin ne se trouvera jamais qui puisse atteindre à mon cœur ; si bien le sut avec elle ensevelir celle qui fut seule pour mes yeux le foyer de lumière ainsi que le miroir.
Vivre m’est un ennui si pénible et si long que j’invoque le trépas, à cause du grand désir qui me tient de revoir celle qu’il eût mieux valu ne pas voir.
Au
ciel n’y a étoiles, tant soient belles,
Ni par la mer bois
froissés ou glissants,
Ni par les champs Chevaliers reluisants,
Ni d’attendu
plaisir fraîches nouvelles :
Ni
par forêts courir fères rebelles,
N’ouïr
d’amours chants ornés et duisants,
Ni jouvenceaux par
prés et lieux plaisants
Long d’un
ruisseau avecque damoiselles,
Ni
cas aucun est, qui triste, ou joyeux
Fasse mon
cœur : tant l’a enseveli
Celle qui fut
lumière de mes yeux.
Tant
las de vivre est mon corps affaibli,
Que veux et veux mourir,
seul pour revoir
Ce
qu’à mes yeux mieux eût valu ne voir.
Ni par les bois les Dryades courantes,
Ni par les champs les fiers scadrons armés,
Ni par les flots les grands vaisseaux ramés,
Ni sur les fleurs les abeilles errantes,
Ni des forêts les tresses
verdoyantes,
Ni des oiseaux les corps bien emplumés,
Ni de la nuit les flambeaux allumés,
Ni des rochers les traces ondoyantes,
Ni les piliers des saints temples
dorés,
Ni les palais de marbre élaborés,
Ni l’or encor, ni la perle tant claire,
Ni tout le beau, que
possèdent les cieux,
Ni le plaisir pourrait plaire à mes yeux,
Ne voyant point le Soleil, qui m’éclaire.
Ni voir flamber au point du jour les
roses,
Ni lis planté sur le bord d’un ruisseau,
Ni chant de luth, ni ramage d’oiseau,
Ni dedans l’or les gemmes bien encloses.
Ni des zéphirs les gorgettes
décloses,
Ni sur la mer le ronfler d’un vaisseau,
Ni bal de Nymphe au gazouillis de l’eau,
Ni de mon cœur mille métamorphoses.
Ni camp armé de lances
hérissé,
Ni antre vert de mousse tapissé,
Ni les Sylvains qui les Dryades pressent,
Et jà
déjà les domptent à leur
gré,
Tant de plaisirs ne me donnent qu’un Pré,
Où sans espoir mes espérances paissent.
Ni voir le peuple épais, qui
troupe à qui troupe arrive,
Ni d’ouïr au reflot le murmure des eaux,
Ni voir sur l’eau ramer mille et mille vaisseaux,
Ni la fraîcheur qu’on prend au bord de cette rive.
Ni de voir promener la brigade lascive,
Qu’Amour tient en ses rets, de mille damoiseaux,
Ni pouvoir s’éjouir de mille ébats
nouveaux,
Cela ne peut flatter la loi qui nous captive.
Dure et cruelle loi, qui contre mon
désir
Me fait d’un entretien dérober ton plaisir,
Pour couvrir ton larcin fait en chose plus grande.
Dure et cruelle loi, qui te contraint
aussi
De feindre, pour cacher ton amoureux souci,
À autre Saint qu’au tien, adresser ton offrande.
rien ne peut consoler sa douleur
Ni dans le ciel serein la marche des errantes étoiles ; ni sur une mer tranquille celle des bateaux goudronnés ; ni le passage des cavaliers armés à travers la campagne, ou des bêtes allègres et bondissantes à travers de beaux bois ;
Ni de fraîches nouvelles d’un bien que l’on attend ; ni les récits d’amour en style noble et choisi ; ni, parmi les limpides fontaines et les prés verdoyants, les doux chants des dames chastes et belles ;
Ni rien enfin ne se trouvera jamais qui puisse atteindre à mon cœur ; si bien le sut avec elle ensevelir celle qui fut seule pour mes yeux le foyer de lumière ainsi que le miroir.
Vivre m’est un ennui si pénible et si long que j’invoque le trépas, à cause du grand désir qui me tient de revoir celle qu’il eût mieux valu ne pas voir.
textes
modernisés
[R]
En ligne le 17/06/19.
Dernière révision le 09/09/22.