Pierre de RONSARD (1524-1585)
Paris, veuve Maurice de La Porte, 1553.

CE ris plus doux que l’œuvre d’une abeille,
Ces doubles lis doublement argentés,
Ces diamants à double rang plantés
Dans le corail de sa bouche vermeille,

Ce doux parler qui les mourants éveille,
Ce chant qui tient mes soucis enchantés,
Et ces deux cieux sur deux astres entés,
De ma Déesse annoncent la merveille.

Du beau jardin de son printemps riant,
Naît un parfum, qui même l’orient
Embaumerait de ces douces haleines.

Et de là sort le charme d’une voix,
Qui tout ravis fait sauteler les bois,
Planer les monts, et montagner les plaines.

«««  Commen­taires  »»»
de Muret

Ce ris plus doux.) Il raconte les merveilleux effets de la beauté de sa dame. Que l’œuvre d’une abeille.) Que miel. Ainsi Nicandre,

- pote d’erga diathruptoio melissês.

Et en autre lieu,

- rêtinê te kai iera melissês.

Ces doubles lis.) Les dents. Ces diamants.) Il entend encore les dents. Et ces deux cieux.) Deux sourcils. Sur deux astres.) Sur deux yeux. Même l’orient.) D’où viennent les meilleures odeurs. Le charme d’une voix.) Voix si douce, qu’elle émeut même les choses insensibles. Planer.) Se convertir en plaine. C’est ce que les Latins disent, subsidere. Montagner.) S’élever comme montagnes. Mot nouveau.
____
[texte modernisé]
[R]

 
 

En ligne le 10/07/08.
Dernière révision le 11/10/12.